Ça sent bon les vacances !
Pour l’atelier d’écriture de cette semaine Leiloona nous propose une photo
estivale, prise par Vincent Héquet.
Je vous rappelle rapidement le
principe de cet atelier : une photo, source de nos inspirations. Le texte
est libre, il suffit juste qu’il ait un rapport avec la photo prise.
Cette semaine, je vous livre un
peu de mon enfance…
Je suis du Sud de la France et je
pense en rendre certains jaloux en disant que je vis à seulement à un quart
d’heure de la mer. Et bien, je vais vous livrer un secret, je déteste la
mer !
Tout a commencé dans mon enfance.
Les vacances scolaires étaient l’occasion de se rendre à cette plage si proche.
Plage qui nous promettait sur le papier repos et rafraîchissement. Le rituel
était toujours le même. Ma mère nous imposait une sieste après le repas afin de
nous reposer à la fraîche. Puis vers 15h30, c’était le branle- bas de combat.
Enfilage de maillots, empaquetage des serviettes. C’est en général à ce moment
là que tout commençait à se gâter… Je revois encore nettement mon père se
battre avec le parasol, les chaises pour la plage, les sacs et les thermos pour
tout faire rentrer dans la malle de notre voiture. Un chapelet de gros mots
accompagnait ses efforts pendant que ma mère lui faisait les gros yeux en nous
indiquant ma sœur et moi du menton. Ensuite, venait le trajet en voiture. Au
début, ça roulait toujours bien mais forcément qui dit été dans le sud, dit
touristes. En général, on se retrouvait coincés dans les bouchons. Fenêtre
ouverte, radio en fond sonore, on attendait ainsi de longues minutes pour
atteindre le Saint Graal qu’était la mer. Je vous passe les détails de l’épopée
pour chercher une place pour se garer…
Bref, une fois sur place, il
fallait encore tout sortir de la voiture et tout ramener sur la plage. Chacun
avait sa tâche assignée et savait ce qu’il devait prendre. Ma mère se chargeait
en général de la glacière et d’un sac, pendant que mon père se chargeait comme
un mulet tout en pestant. Le trajet vers la plage était le moment le plus
agréable car dans notre utopie quotidienne, nous pensions trouver une place… au
bord de l’eau, là où l’eau salée vient nous lécher les orteils. Je crois que
nous avons été désenchantés tous les jours des vacances. La plage était en
général noire de monde et les gens entassés les uns sur les autres. Une fois
que l’on avait trouvé un emplacement, il fallait marquer son territoire au plus
vite. Ma mère nous indiquait où étaler nos serviettes, puis nous libérer enfin.
C’est à ce moment là que ma sœur
et moi marchions vers la plage pour profiter de la fraîcheur de l’eau tant
méritée. Ces moments dans l’eau avec ma sœur et mes parents sont sûrement mes
plus beaux souvenirs de vacances et paradoxalement, ce sont aussi les pires. Je
me souviens de ma mère et ma sœur jouant à la raquette sur le bord de l’eau
pendant que mon père et moi nagions le plus loin possible. Mon père était
toujours attentif à ce que je ne me fatigue pas trop pour que je puisse faire
le chemin du retour et ma mère nous surveillait discrètement du coin de l’œil.
En sortant de l’eau, nous nous
précipitions tous les quatre sur nos serviettes, épuisés mais heureux. Ensuite,
il fallait supporter les cris des enfants qui passent en courant et vous
jettent du sable dans la figure, la peau qui tire à cause du sel et la brûlure
du soleil. Heureusement que j’avais mes livres pour me tenir compagnie. Le
retour se faisait vers 18h et le moment de la douche était exquis.
Je déteste la mer et pourtant,
lorsque je regarde les photos de mon enfance à la plage, je ne vois que des
peaux hâlés et des visages souriants. Je déteste la mer et pourtant, je garde
des souvenirs impérissables de ces moments. Je déteste la mer… mais j’adore
tous les souvenirs qui font que je la déteste.
J’ai une grosse pensée pour mes
parents en écrivant ce texte. Ils sont de super parents et des grands- parents
géniaux. Ils ont d’ailleurs amené ma petite Lily à la plage cette semaine et
devinez quoi… Elle adore ça !
N'hésitez pas à aller lire les autres textes dont les liens sont sur le blog Bricabook.
12 commentaires:
Chouettes souvenirs en noir et en couleur !
Très émouvant, bien décrit, l'enfance, c'est pas simple.
Un texte détonnant et étonnant dans ces descriptions mélioratives de la mer. Oui, en effet, on a aussi le droit de la détester ! ;)
Alors montagne pour toi, cette année ? :)
@ adèle: L'enfance c'est pas simple mais la vie adulte non plus. Pour faire plaisir à ma fille je me replonge dans les joies de la mer... Je vais quand même essayer de la convertir à la rivière... ;-)
@Leiloona: Et oui, je préfère la montagne. L'avantage de là où j'habite c'est que je suis à 20 minutes de la mer mais aussi à quelques minutes de la rivière. Les paysages montagneux ne sont pas loin!
émouvants souvenirs et bel hommage, j'ai aimé te lire :-)
Merci beaucoup Adrienne.
C'est sidérant : j'aurais pu écrire ton texte ! Moi aussi, je détestais et adorais la mer. Ah la fameuse sieste qui chez nous durait jusqu'à 16h00 !
C'est terrifiant à quel point tes souvenirs me rappellent les miens.
L'horreur du trajet en voiture (très long pour moi qui ai le mal des transports), le trépignement d'impatience à l'idée de tremper ses pieds pour la première fois, alors qu'il y a toujours un truc pour retarder ce moment...
Merci pour ce texte original qui va parler à beaucoup, j'en suis certaine.
Dans nos souvenirs, on enregistre parfois qu'une toute petite partie de ce qu'on a vécu, généralement celle qui nous a marqué le plus émotivement, de sorte que deux personnes pourraient vivre la même situation, alors que l'une a détesté et l'autre adoré. C'est rare, toutefois qu'on a les deux en même temps. C'est ce qui fait de toi un être unique.
Dès que j'ai vu cette photo ça a été l'évidence. Nous avons tous un souvenir à la plage.
Et pourtant les parents faisaient le maximum, et qu'ils sont doux les bons souvenirs de la douche ou de regagner sa place sur la serviette, délicieux !
Ah oui, ils se donnaient à fond! D'ailleurs ils se donnent toujours à fond pour leurs enfants et leurs petits- enfants.
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