Voici le texte pour ceux qui ne le connaîtraient pas:
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil de la montagne fière,
Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font plus frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.
Ce que j'aime dans ce poème c'est le contraste entre le début et la fin. Au commencement, tout semble gai, un homme allongé sur l'herbe, il a l'air apaisé... Puis, tout commence à basculer avec "il a froid", puis le doute s'insinue dans la tête du lecteur qui sent bien que quelque chose cloche... Et enfin le coup de grâce avec "Il a deux trous rouges au côté droit". Là, on comprend qu'il est mort. Ce poème me bouleverse à chaque fois, il me fait sentir l'équilibre fragile entre la vie et la mort. J'aime le fait qu'il y ait un espèce d'effet d'attente qui se transforme en surprise. J'aime cette façon de dénoncer les horreurs de la guerre, j'aime ce poème tout court pour la force de son écriture et de son message. Du pur génie en quelques vers.
1 commentaire:
Coïncidence : c'est celui qui m'est venu spontanément à l'esprit en voyant le titre du billet :-)
Enregistrer un commentaire