dimanche 10 juin 2012

Charly 9 de Jean Teulé

Charly 9 de Jean Teulé, Pocket, 158 pages

La quatrième de couverture: Charles IX fut de tous nos rois de France l'un des plus calamiteux.
A 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint Barthélèmy, qui épouvanta l'Europe Entière. Abasourdi par l'énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérèment vides du Royaume, il accumula les initiatives désastreuses.
Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous.
Pourtant, il avait un bon fond.

Mon avis: Tout le monde ou presque connaît l'histoire de Charles 9, ce roi dont le règne fut marqué par la Saint Barthélémy. Jean Teulé décide dans ce livre de s'attaquer à la vie de ce roi un peu borderline.
L'auteur nous présente un Charly 9 attachant. Tout jeune roi de France, il se laisse influencer et commandite la Saint Barthélémy qui fut un véritable massacre! Un peu paumé et très influençable, cet homme ne semble rien avoir en commun avec le pouvoir. Un peu fou, un peu hurluberlu et surtout très touchant, c'est un portrait tout en finesse que nous livre Jean Teulé.
Le personnage de Catherine de Médicis, bien que peu présent dans l'histoire nous est dépeind comme une vieille acariâtre. Comme chaque fois, que Jean Teulé prend la plume, il pousse le portrait de ses personnages jusqu'à la caricature, nous livrant une reine mère des plus superstitieuse, possédant moult grigris qu'elle suspend à son cou.
Quant au Duc d'Anjou, c'est avec délectation que nous en découvrons le portrait, personnage trèèès efféminé et aux tenues hautes en couleurs, on sent que l'auteur s'est fait plaisir en décrivant ses habits aux multiples rubans.
Comme vous l'aurez compris, les personnages sont complètement "barrés".
Jean Teulé on aime, ou on n'aime pas, moi j'adoooore. Dérision, ironie, sarcasme et humour sont les ingrédients clés de l'écriture de cet auteur. J'ai apprécié l'usage d'un langage poétique qui colle très bien avec l'époque. Malgré, des situations cocaces, Jean Teulé a eu une volonté de coller au plus possible à une réalité historique et sociale. Le lecteur entre donc dans l'intimité de ce roi attendrissant et sensible. Le paroxysme de ce livre se trouve à la fin du livre, lorsque le roi se meurt et ensuite à son enterrement. Ce dernier est tout à fait à l'image du personnage, pittoresque. rajouté à cela la patte très reconnaissable de Jean Teulé et vous aurez un magnifique passage digne du roman comique (mouvement littéraire du 17ème siècle dont l'un des chefs de file fut Scarron).
En lisant ce texte, il y en avait un autre qui planait tel un fantôme au-dessus de ma tête. Plus jeune, j'ai lu La Reine Margot d'Alexandre Dumas, roman que j'ai adoré et qui m'a fortement marqué. Tout le long de Charly 9, j'attendais de voir apparaître la reine si romantique et belle que nous avait décrit Monsieur Dumas. L'apparition de ce personnage fut à la hauteur de Jean Teulé et aux antipodes de Dumas. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant une reine morbide,enrubannée et totalement ridicule. Comme un pied de nez au maître, Jean Teulé nous présente une Reine Margot complètement folle. Bien que désappointée au départ, j'ai apprécié la pirouette qui colle de toute manière très bien avec le sarcasme de Jean Teulé.
Pour résumer: Un très bon livre digne de Jean Teulé. Tous les ingrédients sont là: humour, sarcasme, ironie... Et la magie opère.

Ma note: 8/10

Les premières lignes:
- Un mort?
Un gentil garçon semblant à peine sorti de l'adolescence - il vient d'avoir vingt- deux ans - écarquille ses grands yeux:
- Quoi? Vouloir que j'ordonne, pour cette nuit, l'assassinat d'un convalescent surpris en plein sommeil? Mais vous n'y pensez pas, ma mère! Et puis quel homme, l'amiral de Coligny que j'appelle "mon père". Jamais je ne scellerai cet édit!
Tout loyal, franc, ouvert du coeur et de la bouche, le garçon, à haute fraise blanche entourant sa gorge jusqu'au menton s'étonne:
- Comment pouvez- vous venir me réclamer la mort de mon principal conseiller qui déjà hier matin, sortant du Louvre, fut arquebusé dans la rue par un tueur caché derrière du linge séchant à une fenêtre?

2 commentaires:

lasardine a dit…

l'écriture, le style de Jean Teulé me plaisent énormément! je n'ai pas encore lu ce titre, mais c'est prévu!!

Fleur a dit…

J'ai beaucoup aimé ce roman, dont les personnages sont complètement "barrés" (je crois que tu utilises le bon mot!). C'est un style et un langage très particuliers, qui ne peuvent pas plaire à tous par contre...