mercredi 12 décembre 2012

Middlesex de Jeffrey Eugenides

Middlesex de Jeffrey Eugenides, Points, 667 pages

La quatrième de couverture: Quelle différence y a-t-il entre une paysanne grecque fuyant Smyrne incendiée par les Turcs en 1922, et une lolita américaine qui découvre qu'elle est aussi un garçon? Deux générations. C'est en effet ce qui sépare Desdemona et Cal, la grand- mère et la petite fille.
Cette extraordinaire saga gréco- américaine mi- épopée, mi- roman d'apprentissage, est un livre "double". Tout comme son héros/ héroïne, qui connaît la joie- et la douleur- d'appartenir aux deux sexes, avant d'opter définitivement pour celui qui lui convient. Un demi- siècle d'histoire se déroule ainsi sous nos yeux pour aboutir à ce conte de fées moderne: la transformation d'une teenager en un personnage mythique.

Mon avis: Ce roman dormait depuis près de 3 ans dans ma PAL et j'avoue que c'est avec beaucoup d'appréhension que je me suis plongée dans sa lecture... Dès les premières lignes, je me suis trouvée complètement conquise par le texte. C'est avec beaucoup de pudeur que la narratrice/ narrateur conte son histoire. Démarrant dans les années 20 en Grèce, le but du récit et de comprendre pourquoi le personnage principal est comme il est. Ainsi, c'est aux sources de l'héroïne/ héros que prend racine le roman. Résumer ce livre en quelques mots s'avère impossible pour moi car il est tellement riche et j'ai été tellement subjuguée par l'histoire que je ne saurais pas par où commencer.
Je préfère donc me focaliser sur le personnage de Calliope qui deviendra Cal. C'est avec lui/ elle que s'ouvre le roman. D'emblée, l'ambivalence de ce personnage s'installe: Est- ce une fille ou un garçon? Au fil du récit, nous découvrons un personnage qui se cherche, qui se questionne et qui trouve ses réponses dans le passé. Bien qu'ayant été élevée comme une fille, c'est finalement dans la peau d'un homme que Cal décide de vivre. Ce qui est paradoxal, c'est que c'est Cal qui raconte l'histoire de Calliope. Comment ne pas se retrouver, nous aussi, coincés dans cette ambivalence permanente? En lisant ce roman, j'avais conscience que le narrateur était un homme mais l'écriture et les sentiments décrits sont tellement féminins qu'avec du recul j'ai l'impression que c'est toute l'oeuvre qui est hermaphrodite.
Que dire également du style époustouflant de l'auteur qui joue avec brio sur la figure double de son personnage principal. C'est avec beaucoup d'élégance et de poésie que l'auteur prend la plume pour aborder un sujet souvent tabou. Rien n'est vulgaire, tout est tellement juste que j'ai eu la réelle sensation de pénétrer dans le journal intime du personnage. C'est à cela que l'on reconnaît le talent de l'auteur qui se fait oublier pour laisser place à un personnage charismatique et fascinant.
Que dire aussi de la magnifique métaphore filée qui dure selon moi durant tout le roman? En effet, la grand- mère de Calliope élève des vers à soie, vous savez, ces petits insectes qui se transforment en papillon tout comme Calliope trouvera elle aussi sa véritable identité.
Pour résumer: Un très gros coup de coeur pour cette oeuvre sans faute.

Ma note: 10/ 10

Les premières lignes: J'ai eu deux naissances. D'abord comme une petite fille, à Detroit, par une journée exceptionnellement claire du mois de janvier 1960, puis comme adolescent, au service des urgences d'un hôpital proche de Petoskey, Michigan, en août 1974.

1 commentaire:

sylire a dit…

J'avais adoré également ce roman !